Production de la Smart : « tous les emplois seront sécurisés », assure Daimler
Coup de tonnerre sur Smartville. Daimler va sceller un joint-venture (filiale commune) à parts égales avec le Chinois Geely, a annoncé le PDG de Smart France. La nouvelle génération électrique sera développée en Chine. Ce qui signifie l’arrêt de la production à Hambach.
« Smart s’est engagé à reprendre les gens mais il faut postuler à la bourse à l’emploi. Le personnel Smart est aussi concerné. Je ne comprends pas ces inquiétudes car demain, on va construire des Mercedes made in France, et Hambach pourra toujours se positionner lorsque d’autres modèles verront le jour », explique Mario Mutzette (CFE-CGC Smart).
HAMBACH – Économie – Production de la Smart : de la Lorraine à la Chine
En 1994, alors que 72 sites étaient en concurrence et se livraient une lutte impitoyable, c’est Hambach, près de Sarreguemines, qui avait été choisie par le joint-venture Mercedes-Swatch pour accueillir l’usine de montage de la voiture Smart, une puce de ville à deux places, écologique et pionnière en matière de mobilité urbaine.
25 ans après, la coïncidence veut qu’un autre joint-venture vienne sceller la fin programmée de la production de la Fortwo en Moselle-Est à l’horizon 2022-2024.
Ce jeudi matin, Daimler et le Chinois Geely annonceront officiellement à Stuttgart une coopération à parts égales (50-50) pour le développement et la production de la Smart… en Chine. Le modèle thermique s’arrêtera comme prévu en juin prochain et la Smart de 4e génération en version électrique sera fabriquée dans la nouvelle usine de Hangzhou dès 2022.
En exclusivité pour le Républicain Lorrain , Serge Siebert, PDG de Smart France, a annoncé à l’ensemble du personnel : « Nous ne produirons plus de Smart à Hambach. »
Une communication qui a fait l’effet d’une douche froide parmi les salariés et surtout parmi les syndicats des entreprises partenaires, très inquiets pour leur avenir.
Transition
Daimler a indiqué que la mort programmée de la Fortwo ne se traduirait par aucun licenciement sec sur Smartville. « Tous les emplois seront sécurisés. Nous poursuivrons le projet de transformation industrielle et sociale que nous avons annoncé (500 M€ d’investissement). » Un chantier titanesque est d’ailleurs en cours puisque 70 000 m² de nouveaux bâtiments doivent sortir de terre. Concrètement, une nouvelle ligne de production de la Smart EQ Fortwo sera bien créée jusqu’en 2022. En parallèle, l’actuelle unité de montage de la Smart accueillera dès 2020 l’assemblage du SUV EQ de la marque Mercedes. Un modèle sûr, deux autres probablement.
Durant cette phase de transition, la production de la Fortwo passera à 35 000 unités/an soit 150/jour contre 500 au plus fort de l’activité. Vincent Brochet, 50 ans, de Talange, est technicien logistique chez Smart Francedepuis 1998. « Smart, c’est Hambach et Hambach, c’est Smart. La fin de la Fortwo représente un changement plus affectif qu’effectif. Car depuis juin dernier, on est déjà à fond sur le projet de SUV Mercedes ».
Les représentants syndicaux des 800 salariés travaillant pour le compte des sous-traitants ne sont pas aussi sereins que lui. Smartville s’apprête à vivre des mois agités sur le front social.
Voir aussi -> le point de vue de la CFE-CGC pour les salariés des entreprises sous-traitantes
« C’est notre voiture, une part de nous qui disparaît »
« Totale confiance »
Lionel Thirion, 37 ans, de Bénestroff, est responsable de la ligne de production au sein de l’aile 2000. Il vit forcément avec un pincement au cœur le départ de la Smart pour la Chine. « On l’a créée de toutes pièces et maintenant, on va la voir s’éteindre. C’est notre voiture et une part de nous-mêmes qui va disparaître du paysage. »
Gaston Meyer, maire de Hambach, était premier adjoint lorsque Hubert Roth, maire à l’époque et président du district, a décroché l’implantation de Smart dans sa commune. Gaston Meyer reste optimiste, malgré l’annonce de Daimler de ne plus produire la Smart en Moselle Est à partir de 2022. « Le groupe Daimler a annoncé 500 millions d’euros d’investissement. C’est une nouvelle page qui s’ouvre pour nous. C’est une chance si l’on compare à ce qui s’est passé ailleurs avec, par exemple, la fermeture de l’usine Ford en Aquitaine. Je fais totalement confiance aux dirigeants de l’entreprise et aux salariés qui ont montré leurs compétences. »
Source : « Le Républicain Lorrain » édition du 28 mars 2019