Les salariés de Sécofab, à Sarralbe, ont été invités, hier, à se lancer dans une opération séduction, en vantant leur savoir-faire, leur entreprise. Comment ? En manifestant lundi, devant le tribunal de Strasbourg.
La pression monte à mesure que l’échéance approche. Lundi, une nouvelle audience aura lieu à la chambre commerciale de Strasbourg. « Il s’agira de livrer un bilan économique, social et environnemental au juge », annonce Patrick Meichel, délégué CFE-CGC, aux salariés de Sécofab à Sarralbe, réunis hier en assemblée générale.
La société spécialisée dans la construction de pièces de chaudronnerie lourde a été placée avec l’ensemble des cinq filiales du groupe Sotralentz en redressement judiciaire le 28 septembre dernier.
« Opération séduction »
A quelques jours de ce nouveau rendez-vous judiciaire, le syndicat CGT du groupe et les sections CFDT et CFE-CGC de Sécofab ont incité les salariés à manifester lundi devant le tribunal. Cette nouvelle audience sera cruciale. Elle dévoilera les éventuelles offres de reprise (à déposer avant ce soir dernier délai). « On entend beaucoup de choses à ce sujet , poursuit Patrick Meichel. Nous n’avons aucune information précise. » Mais tous fondent leurs espoirs en un repreneur. Aussi les syndicats invitent à se lancer dans une opération de séduction, « à marcher dans le même sens », en cultivant un but unique : « réaliser un produit de qualité, dans les délais » pour rassurer les clients et les candidats, mais aussi convaincre les politiques. « Nous avons obtenu le soutien des élus locaux , rappelle Frédéric Schlesser secrétaire du CE et délégué CFDT. Du maire de Sarralbe, du député, des commissaires au redressement productif du Bas-Rhin et de la Moselle. » Et il l’espère du ministre de l’Economie. Une rencontre est prévue le 2 novembre à Bercy.
« Communication positive »
Lundi, des déplacements en bus seront organisés au départ de Sarralbe, Drulingen et Sarrebourg à destination de la capitale alsacienne. Les syndicats espèrent que la participation sera au rendez-vous. « Alors même que « l’Adira, l’Agence de développement d’Alsace, s’étonne que personne ne bouge , regrette Elisabeth Mathis, de la CGT Sotralentz packaging. Il faut montrer son intérêt pour son métier, son avenir », au juge et aux repreneurs, pour ne pas connaître le même sort que la filiale de Montchanin (71) où seuls 15 emplois sur 93 ont été préservés. « On ne veut pas casser notre outil de travail , poursuit l’élue CGT. Mais faire de la communication positive. » Les emplois priment, les familles, que l’on travaille pour Sotralentz ou une autre direction. « Mais personne ne pourra le faire à votre place », enchaîne Gilles Hemmerling président de la CFE-CGC de Lorraine, rejoint par Me Pathé, avocat du CE. « Si vous croyez en votre entreprise et voulez la vendre dans les meilleures conditions, ni le juge, ni les repreneurs ne vous croiront si vous n’êtes pas derrière. »
Espoir de reprise pour le groupe Sotralentz :
Des offres de reprise ou des « lettres d’intention » ont été déposées pour quatre des cinq filiales françaises du groupe industriel alsacien Sotralentz, en redressement judiciaire, ce qui pourrait conduire à sauver la grande majorité des quelque 600 emplois concernés, a-t-on appris hier de source syndicale.
La chambre commerciale du tribunal de grande instance (TGI) de Strasbourg a examiné hier des propositions de reprise concernant les filiales Sotralentz Packaging (154 salariés) et Sotralentz Construction (170 salariés), des projets qui permettraient de « reprendre au moins 90 % » des emplois, a précisé Frédéric Karas, délégué CGT.
Secofab : une « lettre d’intention »
Les deux autres filiales les plus importantes, Sotralentz métal industrie (SMI, 219 salariés) et Secofab (158 salariés) à Sarralbe, qui fabrique aujourd’hui des tourelles de grues pour Liebherr-Allemagne, ne font pas l’objet d’un dossier de reprise formalisé, mais des repreneurs éventuels se sont manifestés par le biais de « lettres d’intention », selon la même source. La cinquième filiale, Sotralentz SAS (siège du groupe), ne serait pas reprise, mais une des offres concernant les autres filiales prévoit de reprendre 10 de ses 64 salariés.
La prochaine audience devant la chambre commerciale est prévue le 21 novembre. Hier, quelque 300 personnes, dont environ 180 salariés du groupe, ont manifesté dans les rues de Strasbourg avant l’audience. Selon la CGT, une délégation syndicale doit, par ailleurs, être reçue demain au ministère des Finances, afin de demander à l’Etat le déblocage d’une aide « temporaire et remboursable ».
La direction de Sotralentz, faisant état « d’importantes difficultés » pour payer son principal fournisseur de fil machine, avait demandé le 19 septembre l’ouverture d’une procédure judiciaire « pour protéger les filiales » du groupe.
Basé dans le Bas-Rhin, à Drulingen, au nord-ouest de Strasbourg, depuis ses origines en 1904 et en Moselle à Sarralbe, au sud de Sarreguemines, Sotralentz fabrique notamment des treillis soudés pour les constructions en béton armé, des pièces de chaudronnerie, des éléments de gros volume pour l’industrie ainsi que des citernes et réservoirs pour le stockage du fioul et de carburants.
La procédure judiciaire à Strasbourg concerne les cinq filiales françaises du groupe, qui emploie quelque 600 personnes. Mais 500 salariés travaillent également pour le groupe en Allemagne, en Espagne, en Pologne et en Roumanie. Une sixième filiale, DWH basée en Allemagne, a été placée en redressement par un tribunal à Trèves, il y a deux semaines.
Source : « Le Républicain Lorrain », édition du 01/11/2016 :
http://c.republicain-lorrain.fr/social/2016/11/01/espoir-de-reprise-pour-le-groupe-sotralentz
Sécofab : une seule intention de reprise
La chambre commerciale du tribunal de Strasbourg a fait le point sur Sotralenz. Pour le site de Sécofab à Sarralbe, une lettre d’intention a été enregistrée.
Bilan mitigé, hier en fin d’après-midi à l’issue de l’audience à la chambre commerciale du tribunal de Strasbourg. L’instance étudiait les dossiers des candidats repreneurs potentiels du groupe Sotralenz, placé en redressement judiciaire depuis fin septembre. Si certaines des cinq filières que compte le groupe ont suscité de l’intérêt, le cœur du métier, à savoir la chaudronnerie lourde et la construction métallique, ont moins séduit. « Pour le site de Sécofab à Sarralbe (145 employés), le tribunal a enregistré seulement une lettre d’intention », confie Frédéric Schlesser, secrétaire du comité d’entreprise et délégué CFDT. Autrement dit, un industriel est potentiellement intéressé par une reprise.
L’exemple d’Alstom
Mais il veut encore étudier le dossier d’ici le 21 novembre prochain, date de la prochaine audience à Strasbourg. « C’est la même société qui s’intéresse au site de Drulingen », ajoute le secrétaire du CE qui ne baisse pas les bras. « Nous allons continuer à nous battre, à rencontrer les politiques et l’administratrice judiciaire. Nous sommes persuadés que nous trouverons un repreneur ».
Ce mercredi, les représentants de Secofab ont un rendez-vous à Bercy avec le ministre de l’Economie et le secrétaire d’Etat à l’Industrie. Et ils comptent bien défendre leur dossier en s’appuyant sur le précédent d’Alstom. « L’Etat a bien trouvé 400 M€ pour acheter des trains qu’il ne sait pas où mettre sur les rails. Alors il pourrait aussi injecter 400 M€ pour le remplacement de ponts en mauvais état. Et ça, il y en a. Notamment un à Sarralbe », ironise Frédéric Schissler, en évoquant le pont vers Herbitzheim, réduit à une circulation en demi-chaussée depuis cet été.
« C’est un pont sur une route départementale qui relie deux régions. Aux hommes politiques de prendre leur courage à deux mains et de donner du travail a des entreprises locales », suggère-t-il, avant de rappeler que, sur la ligne TGV Est, « presque tous les ponts ont été construits en Suisse. Certes, les offres en France était peut-être plus chères. Mais que veut-on ? Donner du travail aux gens ou fabriquer des chômeurs ? » Des arguments que 250 ouvriers de Sécofab et Sotralenz ont scandé hier à Strasbourg, lors d’une manifestation avant l’audience.
Source : « Le Républicain Lorrain », édition du 01/11/2016 :