Spécialisée dans les relais et contracteurs destinés à l’industrie aéronautique, Leach international compte 400 employés à Sarralbe. Hier matin, 80 salariés ont débrayé une heure. Explications.
Les mouvements du personnel sont plutôt rares chez Leach. Le dernier remonte à 2011. Hier matin, au départ du centre RD (recherche et developement), le laboratoire d’essai situé à quelques centaines de mètres des ateliers – là où une centaine de techniciens sont détachés – 65 employés ont rejoint à pied l’entrée du site principal. Là où les attendait une quinzaine d’autres salariés. « Salariés en colère », ont-ils brandi sur de petites affiches, décidant à l’appel du syndicat CFE-CGC de stopper le travail une heure durant.
Un baby foot pour répondre au burn-out
« La semaine dernière, un communiqué du comité central d’entreprise nous annonçait que l’enveloppe concernant la participation et l’intéressement était quatre fois moins élevée que l’an dernier, ce qui a provoqué des discussions au sein de l’entreprise et un consensus s’est fait jour pour manifester pacifiquement », confie Bruno Vinckel, délégué du syndicat CFE-CGC. Les salariés ont souhaité obtenir des explications sur une dizaine de points, mais n’ont pas eu de retour de la part de la direction.
« On nous enlève des ressources, il y a eu des arrêts d’urgence », une tentative de suicide aurait également eu lieu dans l’entreprise il y a quelques jours. Cette situation engendre un climat qui vire à l’inquiétude. « Nous voulons une reconnaissance humaine et financière, la politique consiste à tout le temps produire alors qu’une partie de cette même production est jetée. On défend notre entreprise et nous sommes pour sa pérennité », insiste le délégué syndical.
Une commission du bien-être en place
« On ne traite pas le burn-out avec des baby foot » ont répété les salariés devant le siège situé rue Gœthe. Allusion aux résultats d’une enquête menée l’an dernier sur les risques au travail, un document qui a révélé qu’un certain nombre d’employés était sujets à risques.
Pour Marco Coccia, délégué du même syndicat, « les employés peuvent de moins en moins s’épanouir dans leur emploi et au final, une commission du bien-être a été mise en place avec baby-foot, bibliothèque » et massage depuis peu. « La reconnaissance pécuniaire n’est pas au rendez-vous », dit-il. Sarralbe compte 4 660 habitants, et Leach international, société du groupe Esterline, est un fleuron industriel de premier ordre. En septembre dernier, l’entreprise franco-américaine investissait 1,9 M€ pour devenir propriétaire de locaux qu’elle louait auparavant. La situation hier est restée calme, mais révèle un malaise, comme l’exprime un ingénieur de développement des projets : « Il y a plusieurs points de mécontentement notamment en terme de burn-out, on en a eu quelques-uns, il y a aussi des problèmes de valorisation du travail par rapport aux efforts fournis, on donne beaucoup, et on a n’a pas forcément de retour ». Une de ses collègues, ingénieur en recherche et développement confirme : « On fait toujours des efforts, on nous parle de réorganisation, mais pour l’instant on n’a que des mots ».
Sollicitée, la direction n’a pas souhaitée s’exprimer.
Source : « Le Républicain Lorrain » Philippe CREUX, édition du 8 février 2018