Le tribunal de commerce de Strasbourg se prononcera le 17 janvier sur le sort de Sécofab, à Sarralbe, placée en redressement judiciaire. Mais les salariés savent que les licenciements seront nombreux. Ils ont manifesté cet après-midi.
Ils ont voulu frapper fort, marquer les esprits avec une image symbolique. Un cercueil qu’ils ont placé cet après-midi, devant les portes de l’entreprise. Au grillage, leurs slogans délivrent le fond de leur pensée : « Seco, le bâtard de Sotralentz » ; » Du pôle métal… au pôle emploi ».
Les salariés de Sécofab, à Sarralbe, ont les nerfs à vif. Leur cœur n’y est plus, après des mois d’attente, d’espoir, de déception. « On a envie d’une seule chose, que ça cesse », que le tribunal de commerce de Strasbourg statue définitivement sur le sort de l’entreprise placée en redressement judiciaire en septembre, comme quatre autres filiales du groupe Sotralentz.
Casse sociale
La chambre commerciale a déjà tranché début décembre pour les filières Packaging et Construction. 90 % des emplois ont pu être sauvegardés. Pour Sécofab, en revanche, les salariés ne se font guère d’illusion. « On savait dès le départ qu’il y aurait une grosse casse sociale », souffle Patrick Meichel, délégué CFE-CGC. Elle risque même d’être sans précédent dans l’arrondissement depuis Jonhson controls, en 2009. 262 employés sur 347 avaient alors été licenciés.
Pour Sécofab, les deux offres en lice ne conserveraient qu’une partie du personnel. 30 sur 143, dont 17 soudeurs et 7 assembleurs, pour celle de FB2M ; 12 pour celle de PJ2L Invest. « C’est un gâchis , lâche un employé en poste depuis 21 ans. On a gagné du pognon sur Sécofab. Aujourd’hui, on est sacrifiés au profit des autres filiales ! »
Schaeffer, Steeltech, Térex…
Cette colère, le personnel l’a manifestée tandis qu’un comité d’entreprise à l’ordre du jour chargé de conséquences s’est tenu en parallèle : définir les critères de licenciement en fonction de l’âge, de l’ancienneté.
Certains salariés, comme Patrick Meichel, ont passé toute leur carrière chez Sécofab, 37 ans. Une bonne partie affiche plus de vingt ans d’ancienneté et sait qu’il sera difficile de retrouver un emploi dans un secteur en crise, la métallurgie, marqué par de nombreuses fermetures d’entreprises et licenciements. Schaeffer industrie à Forbach, Steeltech, à Sarreguemines, et récemment Térex à Zweibrücken, où 500 postes sont sur la sellette. Mais la crise n’explique pas tout. « Sécofab a toujours été la cinquième roue du carrosse », dénonce Frédéric Schlesser, secrétaire du CE et délégué CFE-CGC.
Audience le 17 janvier
Ces derniers mois, les employés n’ont pourtant pas quitté le navire, fidèles à leur poste, respectant les délais de livraison. « L’objectif était le 13e mois », réussi. Ils ont aussi multiplié les contacts avec les politiques pour convaincre un repreneur, obtenir des soutiens. La ville de Sarralbe s’est même engagée à acheter les murs en cas de reprise pour favoriser l’achat et le maintien des emplois. Aujourd’hui, une des deux offres à déposer avant jeudi minuit, semble se démarquer. Celle de FB2M. « Elle est la plus aboutie , explique Patrick Meichel. Il y a un vrai projet industriel », en lien avec un bureau d’études. Le socle de l’entreprise, la construction métallique et la soudure, serait préservé. Mais l’activité serait diversifiée. Le tribunal se prononcera le 17 janvier. Il peut aussi décider d’allonger la période de surveillance, le temps d’affiner des dossiers.